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Absoir : le Slam dans l'âme

Absoir Mohamed : le SLAM dans l'âme

 

C'est à Muzdalifa House, l'espace culturel et citoyen fondé par Soeuf Elbadawi, que nous avons rencontré Absoir Mohamed, un jeune artiste qui a choisi le SLAM pour s'exprimer, une voie encore peu explorée aux Comores. Absoir a bien voulu répondre à nos questions. Rencontre...

YSIA : Absoir, pouvez-vous vous présenter brièvement afin que nos lecteurs vous connaissent mieux ?

Absoir Mohamed, bientôt, 22 ans. Je suis un slameur comorien, licencié en LMF ( Lettres Modernes Françaises). Egalement  membre fondateur des Slameurs de la Lune, premier club de slam aux Comores, depuis mars 2008. Aujourd’hui je mène ma petite carrière solo en espérant aller le plus loin possible.

 

 YSIA : Vous vous définissez comme un slameur, mais pouvez-vous nous donner votre définition de ce qu'est le slam, de ce qu'il représente pour vous ?

A la base le slam c’est de la poésie scandée et claquée. Moi, j’appelle ça de la poésie libre, la voie par excellence d’un vrai partage d’émotion via notre amour des mots. Par slam, j’entends ceci : Seulement, Livrer son Amour envers les Mots. Mon petit slogan à moi, c’est des mots contre les maux. En tant que slameur comorien, je ne peux voir dans le slam qu’un moyen de revendication, mais encore et surtout un outil de sensibilisation et de conscientisation de mon peuple.

YSIA : Pourquoi et comment êtes-vous arrivé au slam ? 

Depuis mon plus jeune âge, j’aimais la poésie, ce qu’on appelle en comorien « gnandu ». Je trouvais ça beau et je voulais en faire autant en écrivant mes petits poèmes que seules mes copines aimaient bien (rires). C’était jusqu’à ce que je découvre Grand Corps Malade. Je suis illico tombé amoureux du slam. Je ne pensais qu’à une chose, écrire de beaux textes comme lui. Quand j’ai remarqué que tous mes potes voulaient écrire comme lui, j’ai compris que c’était idiot, je suis un slameur comorien. En tant que tel, je me dois de faire du slam comorien, et c’est là que j’ai commencé à travailler sérieusement.

YSIA :  Absoir, quels thèmes vos texte abordent-ils généralement ?

Je dirais que je parle d’un peu de tout. Quoi que sans vouloir me vanter je suis trop engagé dans mes textes. Je parle du viol aux Comores, parce que malheureusement c’est un acte récurrent dans les familles mais les gens se taisent. Alors que des jeunes filles se font tous les jours violer par des proches la plupart du temps ou par des gens influents, alors la famille de la fille se tait, et ainsi de suite… Je parle aussi du conflit entre Palestiniens et Israéliens, je parle de mon amour envers la poésie, de la jeunesse comorienne qui s’occidentalise de plus en plus. Certains ne savent même pas s’exprimer en comorien parce qu’on leur parle qu’en français. J’aborde également la question de Mayotte, mais différemment de tous les comoriens. Mon dernier travail concerne le départ du comorien. Ceux qui meurent dans le « kwassa » en allant à Mayotte pour chercher la belle vie, les étudiants qui veulent à tout prix aller en France pour leurs études et qui finissent tous par lâcher parce que leurs situations financières ou familiales ne leur permettent pas, … Je veux pousser ainsi les comoriens à se demander pourquoi on cherche tous à partir.

YSIA : Par quels poètes (slameurs ou non)  votre écriture est-elle influencée ?

Comme je l’ai précédemment écrit, ça a commencé par Grand Corps Malade. Ensuite j’ai connu Abd AL-Malik qui a un autre style, mais encore des rappeurs comme Kery James, Mc Solar et Oxmo Puccino que j’écoute en ce moment. Au collège j’ai lu Victor Hugo, un poète africain Diop, et pas mal de poèmes par ci par là. Sauf que mon écriture est différente de celles de ces mecs-là parce qu’on n’a pas la même réalité. Ils nourrissent juste mes connaissances artistiques.

YSIA : Comment le slam en général et votre travail en particulier sont-ils perçus aux Comores ?

Le slam n’est pas reconnu aux Comores. En créant le premier club de slam, j’ai réussi à faire venir quelques amoureux du slam des trois îles se trouvant à Moroni. Aujourd’hui il y’a des clubs dans différents villes et villages, je dirais que ça évolue même s’il reste du chemin à faire. En ce qui concerne mon travail, je suis satisfait du résultat parce que je suis le premier slameur solo comorien, j’avais peur que les gens ne s’intéressent pas, or ça touche plus de monde que je ne le pensais. Il faut avouer aussi que j’ai eu la chance de travailler avec un grand monsieur de la littérature comorienne, Soeuf Elbadawi, et on commence à apprécier le slam surtout que j’ai touché le comorien à travers mes textes. Mais la triste réalité c’est que l’artiste comorien en général et le slameur comorien en particulier n’ont pas une grande importance dans la société, peu importe ce qu’ils racontent.

YSIA : Pouvez-vous nous parler de vos projets artistiques ?

Ce que je souhaite le plus, c’est avoir la force de continuer la lutte parce que se déclarer slameur aux Comores, c’est se lancer un grand défi. Aux Comores, il n’y a aucun producteur et aucun label. Il y’a juste des gens prêts à t’enregistrer, peu importe ce que t’as à dire, il suffit que tu aies la poche pleine. Ce que je souhaite c’est me battre jusqu’à ce que le monde sache qu’il y’a du slam aux Comores, et surtout du slam en comorien. Actuellement je travaille beaucoup sur le « shikomori » (la langue comorienne) afin de pérenniser notre tradition et notre culture à travers le slam.

Je voudrais inviter tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au slam à nous contacter afin de discuter du slam comorien, de son évolution et de sa place au sein de notre société.

Commentaires

  • bencheikh

    1 bencheikh Le 18/03/2013

    en effet le slam est nouvellement découvert aux Comores mais par sa force et sa liberté il aura sa place et moi en tant que slameur du groupe ART 2 LA PLUME je crois et j'ai confiance.donc tu n'es pas seul mon frere dans le chemin
  • NASSUR

    2 NASSUR Le 11/04/2012

    IL FAUT JAMAIS BAISER LES BRAS NI SE DÉCOURAGER, TÔT OU TARD LES COMORIENS FINIRONT PAR APPRÉCIER LE SLAM, JE PENSE QUE LE SLAM EST UN MOYEN PLUS EFFICACE DE VÉHICULER UN MESSAGE.
  • tremblay

    3 tremblay Le 27/06/2011

    excellent continuez vous ferez une belle carriere.

    j..p.t.

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