Un an après l'accident d'un Airbus de la compagnie Yemenia au large des Comores, qui avait fait 152 victimes le 30 juin 2009, l'enquête semble au point mort. « J'ai l'impression que les victimes sont mortes dans l'indifférence », déplore Mohamed Ahmed, président d'une association marseillaise de familles de victimes.
Marie M'ze dénonce deux poids, deux mesures, avec le vol Rio-Paris. « Quand on pose des questions, on nous renvoie vers les Comores, mais je suis française, et les réponses, je les veux ici, pas dans mon pays d'origine, que je ne connais pratiquement pas. » Mohamed Ahmed accuse, photos à l'appui, le cimetière construit aux Comores d'être une « décharge ». Les victimes sont signalées par un numéro et, au lieu de la stèle promise, on trouve une plaque dédiée aux « victines », avec une faute d'orthographe.
L'A 310 effectuant la liaison Sanaa-Moroni s'était abîmé avec à bord 153 personnes, dont beaucoup vivaient en région parisienne et à Marseille. Une passagère de 12 ans avait survécu.
Les boîtes noires ont été repêchées fin août 2009. Début septembre, la commission comorienne chargée des investigations avait annoncé que les données étaient exploitables. Depuis, plus rien.
« De gros intérêts sont en jeu. Selon la piste retenue, le constructeur et la compagnie ne seront pas pénalisés de la même façon. Si la défaillance technique et l'erreur de pilotage sont confirmées, ils vont banquer », estime Ahmed Bahassani, avocat de l'association comorienne. « Les autorités comoriennes ne veulent pas se fâcher avec la compagnie, qui contribue à désenclaver l'archipel », ajoute Saïd Ahamada, président de la Chambre de commerce franco-comorienne à Marseille.
Selon Gérard Montigny, avocat de l'association française, les juges de Bobigny en charge de l'enquête pénale se démènent, mais les commissions rogatoires internationales patinent. L'enquête doit, selon lui, viser l'avion, qualifié de « poubelle », les conditions d'atterrissage à Moroni et les secours. Des experts devraient rendre un rapport d'étape en septembre.